mercredi 4 décembre 2013

les épaves de la Caraibe.

  

Alors, les temps reviennent de reprendre le large:
Du 2 Janvier au 17 du même mois, une jolie expédition vers les îles vierges de la mer des Caraibes prend forme. Paradis des pirates, cible des grands cyclones, les fonds encore préservés en fond une terre d'aventure qui me plait et même m'emballe.
Du coup après y avoir été recherché des tsunamis avec des scientifiques au mois de mai dernier, l'idée m'est venue de monter une aventure d'apnéistes dans les eaux translucides du mois de Janvier.







Et d'y aller chercher les traces des épaves du passé: les épaves!!

A commencer par le Rhone, gros paquebot de l'époque des transatlantiques géants, du ruban bleue et des folies Titaniciennes....

Navire coulé par un cyclone à la sortie de la guerre entre huit et vingt huit mètres de fond sur l'île Peter island. Il est si bon de voir l'industrie humaine et sa vaine agitation recouverte par la nature toujours victorieuse à la fin, s'émanciper n'est pas possible. C'est ça que nous irons comprendre dans les récifs encore intacts, dans les champs de gorgone, dans le grand bleue ou nous ferrons quelques profondes escapades.

Les îles vierges du Sud au Nord, et en parcourir les merveilles encore intactes en apnée!

On sera là pour apprendre le grand large aussi car pour venir et en repartir il faudra parcourir les 300 milles qui sépare la Martinique de cet archipel du nord des Antilles! 300 Milles au plus prés pour le retour. Pour cela nous naviguerons sur un monocoque, car les catas si larges et confortables soient ils sont de vrais galère contre le vent, surtout si le vent est frais et la houle formé.

Qu'on se le dise!!!!


 

lundi 13 mai 2013

La malédiction de l'hélicoptère ou le syndrome de l'indien!!



      


      La malédiction de l’hélicoptère,

Le monde bouge, le monde change, l’ultime hallali, la dernière chasse au trésor des hommes a lieu sous l’impulsion irrésistible de l’argent dieu. Les hommes accomplissent les préceptes de leur ultime divinité de la même manière imbécile qu’ils avaient appliqués celles des dieux anciens, barbaries, inconstances et avidité quasi rituelle : tristes chroniques de la destruction de la nature sauvage par l’impérialiste expansion humaine….
Nous étions prés de la rivière magique. Notre camp était monté et dégageait ce délicieux charme des camps de nomades en transit. Dans un coin il y avait les tentes, adossées aux arbres  protecteurs du vorace vent d’ouest des grandes latitudes. Un peu plus loin, le feu, les feux, brulaient, foisonnants comme la vie d’un bois sec inépuisable. Du foyer principal plusieurs  plus petits avaient égrené. Ils avaient migré de quelques mètres, vers les divers ateliers de séchage et de fumage de la chair des poissons  et surplombés la berge même de la rivière. En les alimentant, je pouvais entendre l’eau fraîche chanter son érotique chanson aux oreilles de mes pêcheurs. J’étais heureux d’être là et fier de mon groupe. Autour de nous, tout était harmonie et paix, jusqu’à la puissance de nos feux domestiques  avait fini par trouver une place dans la symphonie de la rivière.
 Le soir, en allant pisser et nous laver les crocs, nous prions les quatre coins cardinaux : L’ouest pour le vent, L’est pour la terre, Le sud pour la glace et le nord pour le feu. Nous nous savions en équilibre instable, défavorable même, car nous n’étions plus jeunes, et que la vieillesse est le pire ennemi de l’homme, celui contre qui on ne gagne pas. La rivière devant nous changeait la donne, elle venait de nous enlever vingt ans, nous étions en pleine cure de jouvence. J’étais aux anges, nous revenions à l’état original, celui depuis lequel on peut mieux comprendre comment nous avons pu devenir aussi cons. Qu’elles furent les souffrances, les hérésies et les délires qui  menèrent les hommes sur une voie aussi folle ? Celle de la destruction terminale de son biotope ! Pourquoi ce désir si irrépressible de puissance ? De contrôle et de possession ? De connerie gratuite ? Quelles intolérables frustrations de race avaient bien pu frapper les cueilleurs chasseurs que nous fûmes, quels ennemis, quelles maladies avaient donc bien pu nous rendre aussi paranoïaques ? Vivre ainsi m’aidait à comprendre le lien fou de notre évolution irrationnelle.
Et la réponse je la tenais en partie, en trois jours nous étions redevenus ce que nous avons toujours été : un animal qui pêche, chasse, mais un animal faible, sans aucun doute, un animal qui s’il n’anticipe pas tout, crêve ! Et vite, le moindre rat des steppes en ce sens est plus solide que nous.C’est vrai aussi que quand on a beaucoup de poissons à fumer, on a du mal à ne pas imaginer un fumoir quand on est un homme. Et ça, il faut quand même le mettre à notre dêcharge, c’est quand même l’évolution des mammifères qui nous a fait physiquement délabré et intelligent. Par contre le vice et la saloperie généralisé on a tout inventé nous-mêmes comme des grands !!
Une autre chose nous rapproche aussi des animaux, la régulation. Elle est l’affaire de dame nature, pas de nous mêmes. La, est le paradoxe humain, malgré nos armes, nos technologies incroyables, notre infernale imagination nous pensons comme un cerf, un castor, un rat, ni plus ni moins. La régulation n’entre jamais dans nos schémas de pensé, et nous n’avons aucunes notions de notre réel impact. Il n’y a nulle part à aller chercher l’explication de l’effondrement du monde, l’homme ne pourra jamais se réguler autrement que par la guerre.



Notre voyage est un voyage dans le passé de notre espèce,  et les signes de l’ancien monde, vont nous accompagner tous du long, les  signes visible à l’œil du chasseur nous sont à nouveau dévoilés, par Christian le chasseur, ceux du vent et du ciel par moi le marin, de la rivière par Alain, Fernand, et Pierre, de la marche et de la vaillance par Andreus et Rémy. Nous étions redevenus vite une tribu au point que trois jours après le départ, les rôles de la survie en groupe étaient distribués, moi j’étais cuistot et chaman et ça m’allait.
J’en étais là de ma philosophie de comptoir, lorsqu’Alain de retour de la rivière deux truites à la main vient m’annoncer :
-Gilles j’ai entendu un hélicoptère et je l’ai vu passer à la ligne de crête des dientes !
-Hein ? Je n’avais depuis plus dix ans que j’habitais ces contrées rencontrait encore un hélicoptère aussi au sud, alors en entendre un…j’avais du mal à le croire et je grognais quelques grognements septiques.
Pourtant oui, hélico il y avait, un hélico volait sur cette immensité de terre sauvage, un hélico, donc des hommes, donc potentiellement des emmerdes, tous ce que nous étions promis de fuir….Et merde !!
Et l’hélico il était pour nous !! Avec quatre connards à bord, des gros gringos plein de soupe et physiquement délabrés accompagnés par un guide chilien ventru et pathétique dans sa parca rouge et son téléphone satellitaire agrafé au revers de son col. L’engin est apparu comme un ovni derrière les arbres si tranquille de notre campement, il nous a tourné autour, et tout de suite nous avons compris que c’est après nous qu’il en avait.

Et il c’est posé tout prêt, trop prêt de nous, lui aussi il veut l’embouchure de la rivière, me suis je dit en voyant débarquer des gugus bardés de matériel de pêche. Mais eux la rivière ils étaient là pour la violer, avec leur bruit, leur physique déplorable, leur argent et leur hélico d’arrivés qui croient pouvoir tout compenser par leur pouvoir d’hommes riches et suffisants. Car ils le sont, le guide est venue nous interroger directement, mais ses clients nous toisent de loin et on lit clairement dans leurs regards leur déception de n’être pas les premiers à déflorer la jeune rivière, ou du moins d’y être seul comme le leur avait promis le dépliant !
Sombres connards ! Le guide lui fait dans la lèche et s’émerveille de notre courage d’abord tant marché pour venir ici, mais on sent sa gène, lui qui a vendu à ses gringos un endroit vierge, sans pêche. Tout ça pour y découvrir un bande de mohicans arriérée en train de dépecer des poissons par dizaines.
Ils n’ont pas de chance faut dire, ils arrivent là ou nous avons décidé de mettre le paquet sur la nourriture et de gaver les guerriers pour le reste du voyage qui s’annonce rude et long. La journée est surréaliste, les gringos pathétiques piétinent et ne pêchent rien, mais alors rien, dans ce fleuve si fécond ou les poissons réagissent à toutes les sollicitations qu’un pêcheur est capable d’imaginer avec un fouet et des mouches.
Je croise à plusieurs reprises le regard de mon complice Fernand, je sens que comme moi il a la haine. On l’avait notre paradis immaculé, notre rivière sauvage et primitive dans sa beauté et son âme, et là voila que quelques enculés mondains, riches et en hélico, venaient nous voler la beauté sous le nez et en plus en nous le reprochant sombrement. Comme si ces ordures de payer 5000 dollars pour venir là ça leur donnez de la légitimité, du droit, ou de la compétence ! Parce qu’en plus ils pêchent avec leur pieds les vieux débris, on est pas tout jeune nous non plus, mais on est venue à pied, dans le respect et l’amour du sauvage, et la rivière elle nous le rend au centuple, elle a chanté pour nous et chacun de nos hameçons est avalé avant presque de toucher l’eau. Les autres connards ils voient rien, ils entendent rien, ils regardent des concurrents, leur frustration est palpable, la rivière ne leur parle pas, ne leur donne rien, elle n’aime pas le viol.
Je recroise le regard de Fernand, il a la haine et moi aussi, mais les gringos l’ont plus encore, la fumée de nos feux les obsèdent, ils vont revenir plusieurs fois s’humilier prés de nos fumoirs et le sentiment va encore monter, entre les primitifs qui puent, qui fument de la viande, qui vident et dévorent, dont les traits sont tirés par la fatigue et les crises de rire de vivre si libres et si loin, et ceux qui dans trois heures seront au bar d’un lodge de riches, à déblatérer sur les va nu pieds qui viennent voler le poisson des nantis ! La haine ! En plus ces gros cons ils se croient écolos en faisant du no kill !! No kill mon cul, pour eux un hélico tourne en boucle sur un pays sauvage encore, on leur a construit un hôtel au village, et leur bouffe vient en avion, écolo non cul, menteurs, voleurs !
Et cette haine va ressurgir dans notre voyage, ce jour là, on aura le sketch du guide qui flippe parce que son hélicoptère est en retard et que ces vieux vont crever s’ils passent un nuit dehors sous ces latitudes. La j’ai eus un espoir, la nature allez elle nous faire passer un moment exceptionnel, voir se faner un des âges d’or de la connerie humaine. Imaginer le pied : voir crever une bordée de ceux qui croit toujours pouvoir faire avec beaucoup d’argent, ce que votre corps ne vous permets plus de faire alors que vous ne l’avez pas fait lorsque c’était possible. Il est ou le sens de rêver à un truc qu’on peut faire quand on est jeune et fort, et qu’on ne ferra que quand on sera riche et vieux !!!? Par convention sociale ? Non mais qu’elle connerie ! C’est pitoyable cette manière de penser de l’arrogante Babylon ! Voir crever des mecs de cette infernale maladie machiste qu’es l’impossibilité de vivre une frustration et d’en pêter plus haut que son cul me fascinerait, mais ce ne sera pas encore sur ce coup là. Leur hélico arrive, ils se barrent ouf !!
Et comme toujours dans la nature sauvage, le calme et la paix reviennent, toujours, si pathétique fut la séquence humaine. Les tours et détours du cours de la rivière vont nous mener jusqu’à son embouchure, car cette fille fleuve nourrit la baie du Cap-Horn. Et c’est là que les connards vont revenir, l’hélico encore, mais cette fois spécialement affrété pour nous faire chier ! De ce que nous raconte le garde pêche qui nous tombe dessus dans le large méandre ou nous avons établis notre camp, et ou nous vivons heureux sous l’œil pas très malicieux de quelques taureaux sauvages, le milliardaire qui est derrière tous ce bisness de riche vit mal le passage d’une bandes d’indiens dépenaillés sur ce qu’il considère désormais comme sa rivière!
Il le vit mal et le fait savoir, l’homme ayant ordre à la moindre infraction de notre part, de nous retirer notre matériel de pêche et de nous coller la prune de la décennie. Heureusement le dieu des pêcheurs est avec nous, Il nous a envoyé un humain qui n’aime pas être manipulé par les riches de son pays qui se croient tous permis. Il se souvient d’un temps ou au Chili il y avait des syndicats et un désir de même lois pour tous. Je le comprends dans la conversation, Rémy qui parlemente beaucoup à mes cotés aussi, encore et heureusement car nous ne sommes pas en règle. Je suis passé à son bureau au village mais il n’était pas là et nous devions partir. Pierre a bien lui aussi essayé d’acheter des permis, mais dans le bureau ou il a été, il y avait quelqu’un mais pas le formulaire adéquat. Magnifique avantage de ces merveilleux pays ultra libéraux, ou la loi est très dure, mais ou l’administration pour la faire appliquer à été condamné sur l’hôtel du libéralisme et de l’efficacité économique. Situation on ne peut plus favorable aux millionnaires toujours prêt d’user de leurs avocats qu’ils payent à l’année pour éliminer des petits qui n’arrivent pas à se mettre en règle. Avocats qui eux fabriquent les bons formulaires, mais qui souvent  se croient au dessus des lois.
C’est ce qui est arrivée cette fois ci, l’âme de la rivière continue à nous protéger sur ses berges, non seulement nous n’aurons pas d’amende, car le gentil garde a amené des permis avec lui et nous les vend sur place (grâce à l’argent du seul qui eut la jugeote d’en amener : Alain). Il nous apprend aussi qu’il vient de se rendre compte que le milliardaire qui a amené quelques dizaines de clients depuis quelques mois, n’a jamais prit la peine d’acheter un seul permis chez lui….mais il a cru bon de faire contrôler d’éventuel concurrents sur la zone… Très bien, très, très bien !


Moi je le dis aux amoureux du libéralisme en Europe, dix ans en Amérique du sud n’ont convaincus de l’incapacité des hommes à faire aboutir un système politique. L’ultra libéralisme a tué la liberté chère au cœur des hommes, aussi surement que le communisme a tué le socialisme en Russie. Les mêmes, exactement les mêmes, alors frère d’Europe, toi qui après tant de guerres  avait enfin fait quelques pas hors des ténèbres vers l’égalité et la fraternité, ne trébuche pas sur ce chemin. Et si pour ça une fois encore tu dois sortir les armes, ben montre les avant de t’en servir… Qu’elle lassitude d’encore prêcher la guerre !
La nature va nous protéger de ses extraordinaires aventures, elle va protéger notre vie et nos cœurs jusqu’au retour, et c’est là après les merveilles de forêt et de rives de lacs inchangés que le danger va revenir, sournois, vicieux, insinuateur, abject, humain quoi, bassement, vulgairement, lamentablement humain. De cette race qui jamais n’ait sélectionné et ou les cons ont depuis longtemps supéré les meilleurs et en nombre et en force ! Au village lorsque nous rentrons toute la populace ne parle que de nous, et de suite je vois revenir le vieux dilemme chilien, ces étrangers sont ils de sales communistes ou un exemple à suivre ? Nous n’avons rien fait, ou presque,  mais nous sommes passibles d’une rébellion ouverte contre un puissant : exactement comme nos ancêtres indiens dont nous sommes ce mois ci la réincarnation, de la volonté de Fernand, de la désinvolture qui est la mienne, du courage de tous !
Le fils de pute patron du lodge, d’une compagnie d’avion et de navigation, intime de l’ancien dictateur Pinochet au demeurant, est monté aux rideaux lorsqu’il a appris que les gitanas avaient échappé à son offensive de garde pêche ! Pour se venger le bâtard s’en est prit au garde pêche démocrate. Il tache de le faire sauter en faisant pression sur ses supérieurs pour qu’on nous allume à notre retour !!
L’enfant de pute ! Si je n’avais à ce moment là été avec des gens que je doive absolument ramener à bon port, il n’y aurait pas eut que les castors et les truites de ce pays qui se fussent sentis chassées ! La vieille haine pyrénéenne contre l’envahisseur est venue à nouveau me chatouiller la gâchette. Il nous a fallut toute la gentillesse de mes copains chiliens, que nous avons croisé dans le village durant  ces quelques jours de tension, pour nous permettre de nous contrôler et de nous rappeler qu’il n’est jamais bon de se comporter comme un donneur de leçon lorsque l’on est pas chez soi. Car sur ce coup là mes potes de voyage ne valent pas bien mieux que moi : j’ai entendu beaucoup de proposition : - Et si on le choppait et qu’on le pèle ? propose un gars des hauts plateaux des Cévennes ….- Ce genre de connard ça ne doit pas courir bien plus vite qu’une balle non ? Réflexion assez classique dans la culture plus lyonnaise des piémontais des Alpes…. Mais ici on est pas chez nous et ce n’est pas pour rien que nous nous faisons surnommer les gringos… le fumier en face n’est pas non plus indien comme les gens d’ici, militaires compris, non ! Comme nous c’est un blanc, plus que nous c’est un blanc! Un européen nationalisés comme presque tous encore de cette caste de merde, les coloniaux !!  Les mêmes que les békés des Antilles, les caldoches en nouvelle Calédonie, en passant par les demis polynésiens, les parfaits hindous et les aristocrates anglo saxons, et qui partout sur la planète sont juste devenus impérialistes quand l’esclavage officiel a été aboli. Tous ceux qui ont échappés à la guillotine et qui ont colportés partout leur vision pathologique du monde. Des gens qui pour une bonne partie s’ils rentraient en Europe et s’y comporter ainsi iraient directement en prison. Et c’est eux qui vont gagner la bataille de la mondialisation! C’est eux qu’il va falloir éliminer promptement ! Impérativement ! Maintenant !
Finalement à part une altercation au magasin central ou nous sommes tombés sur le guide lamentable de l’hélicoptère, il ne c’est rien passé ! Un gros du bide le guide, mais aussi un facho et un collabo : une caricature ! On a pas été boire l’apéro dans leur Lodge de riches enculés pour foutre la merde, on a plus vingt ans malheureusement, il y a dix ans encore, je me serais battu à coup sur, ou presque pour une histoire du genre. Aujourd’hui Le couteau est tiré, mais il ne servira pas, et peut-être tant mieux ! On est fatigué, on est heureux, on veut en profiter, c’est eux les vaincus quoi qu’il arrive. C’est la rivière qui nous a fait vainqueur, c’est les lacs, c’est les rivières, c’est le fait qu’on en a eut des poissons nous, et des couilles pour aller les chercher et ça c’est bon ! et on peut se regarder fier dans la glace. On c’est éclaté, on c’est fait des potes, on a vu qu’on été encore vivants et capable de réaliser nos rêves, et ça pour un homme c’est absolument indispensable !! Alors gacher ça en allant foutre sur la geule à des mianbles qui sont obligés de se payer un hélico et un demi nazi pour aller à la pêche, tans pis, je me les ferrais plus tard, à la tchéchène comme me dit l’ami Audreus.
Le garde pêche a pu sauver sa peau en écrivant tout azimuts et en se justifiant légalement de ses décisions. Elles ne furent pas contestées et je tache de me tenir au courant de ce qu’il c’est passé ensuite. Car le sang n’a pas coulé, mais l’affaire n’est pas clause, un prédateur attend toujours très patiemment son heure.
Mais dans le port d’Hushuaia il y a un immense édifice ou sont gravés ces mots au sujet des Iles Malouines : Volveremos !! Nous reviendrons !!






mercredi 1 mai 2013

Rivières magique en sursis et castors en folie

 Le chaman fait son cours!! On bouffe quoi et dans quel ordre!!!
 Les castors introduis prolifèrent et détruisent rivières et forêt: on dirait des humains, planificateurs, usurpateurs, voleurs d'espaces!!!
La rivière magique qui nous a aimé, choyé, charmé, nourrit!!!!

Photo de Christian!!

les salmonidés de terre de feu, le roi c'est l'omble arctique.

 Le meilleur poisson d'eau douce que j'ai jamais mangé et un combattant hors du commun, le bonheur des pêcheurs à la mouche!!
 L'équipe avec un grand E, que des vrais!!! Un bonheur de courir l'aventure avec ces copains là!!

les photos sont de la bande, de  Christian, Pierre, Alain!!

mardi 30 avril 2013

première vidéo de l'expédition apnée en Antarctique!!!

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=oLI-mMu8GNE

Pas grand chose à rajouter aux image, il n'y a qu'à y aller voir!!!
gilles

La vidéo de l'expédition de pêche à la mouche




http://vimeo.com/64702002

Le rêcit d'une expédition de pêche à l'omble articque en terre de feu!






Et si on allait à la pêche?

J’ai vu bien des choses dans ma longue vie de marin et mené bien des expéditions, des atolls des Tuamotu aux glaces de l’Antarctique, des grottes pyrénéennes aux volcans des Antilles. J’ai fais des transocéaniques sur des voiliers improbables, et sur des purs coursiers des mers j’ai connu l’extase du grand large. J’ai bu au Micalvi, à Valparaiso et aux acores, dans tous ces ports ou les marins aiment a perdre leur santé et leur honneur.  De toutes ces aventures je tire de quoi écrire des histoires. Des belles ou des vilaines, des vraies et des fausses: il y a celles que l’on veut oublier vite, celles dont l’on sort victorieux et grandit et celle que l’on a envie de raconter de toute urgence aux autres, tant la beauté, la joie et l’harmonie qu’elles ont engendré est grande et communicative.  L’histoire qui suit est bien de cet acabit : Celle d’une bande de copains qui ont réalisé un rêve de trappeurs dans une île de terre de feu,  abandonnée des hommes depuis la disparition des indiens entre Cap Horn et détroit de Beagle. Le vrai titre de cette histoire devrait être: et si on retournait à la pêche? Nous avions il y a quelques années découvertes un lac magique avec Rémy Castel et Fernand Monatte, un lac et sa rivière, et nous y avions vécu le rêve merveilleux des découvreurs d’endroit vierge, un rêve de pêcheurs. Seuls au monde avec des dizaines de mille de poissons sauvages !
Depuis l’ idée folle qui tient à cœur du Fernand, notre gourou dans cette aventure, est d’y repartir dans cette île de la taille d’un département français, d’en faire un grand tour, et d’explorer l’inexploré. Fernand quand il a une idée dans la tête il l’a pas ailleurs…c’est un genre de réincarnation déviante de David Crocket, Fernand , du genre à se foutre à poil et d’attaquer les ferrailleurs ( traduite pêcheur au lancer traditionnel) sur les rivières de son enfance. Véridique histoire d’un chevalier du poisson et des bois qui réussit dans un premier temps l’exploit de les faire fuir terrorisés, les ferrailleurs…. Faut dire qu’imaginer la grande carcasse de notre ami courir avec un seul masque de monstre comme habit, le poil au vent en éructant sa rage contre l’envahisseur est l’une des plus belles histoires que j’ai entendue dans ma vie au fond des bois ou j’aime traîner. Sa fuite devant l’ennemi armé de chevrotines, un vilain jour de défaite, le symbole hilarant du combat que la nature a perdu contre notre bêtise.   Authentique comme un chêne de Bourgogne, honnête a en être pendu en occident judéo-chrétien, Fernand est l’homme des folles expéditions par excellence.
Un mec bien quoi !
Rémy c’est le neveu, un alliage fin entre la révolution d’octobre et l’anarchisme espagnol, en bute au monde ultra libéral dans lequel il vit au Chili depuis quinze ans. Détonnant, visionnaire de la balade engagée, c’est bien lui qui met les feux aux poudres en relayant mon jusqu’auboutisme de Basco béarnais et le rêve d’immensité sauvage qui les dévore à tous les deux, lui et son oncle. J’avais failli ne pas voir son mail lors de l’un de mes retours d’antarctique, coincé entre les délires d’un sorcier africain et d’une pub pour s’élargir le zob, j’ai bien failli perdre ce message qui nous a menés si loin. A quoi la vie tient parfois… Des chercheurs d’infini le clan Monatte, moi j’adore et j’ai foncé tête baissé.
Alors  on a débarqué de Liledelle un beau matin, devant la forêt primaire fuégienne, chargé de trop malgré tout, avec un crédo édicté par moi : on pêche, on chasse, on survit, nul retour possible, ni échappatoires en cas d’emmerdes, pour un tour de cette île grande comme un département français fantasmé par Fernand et Rémy, et au bout,  l’une des plus fabuleuses rivières à poissons encore vierge ici bas. Et un réseau hydrique pas cartographié ni étudié à explorer. Qui dit mieux ?
Les deux ont dégottés les doux cinglés pour nous accompagner. J’ai trouvé un bateau Liledelle, et embauché, l’armée rouge, une armoire lituanienne, ancien commando de l’armée soviétique en rupture de banc sur les mers depuis vingt ans, et décidé avec lui d’un plan de campagne en terrain inexploré. Audreus, ou le rêve éveillé d’un communiste de l’est dans l’irrationnel occident.
Le plan consistait à marcher, et on a marché… comme des bêtes, à la russe, style Audreus sergent en Aghanistan, trois quart d’heure d’effort pour dix minutes de repos…comme on marche dans ces pays qui n’ont pas de routes, de chemins, de sentiers, des pays pas planifié ou seule votre connaissance de la nature, des arbres et de l’eau comptent et peuvent vous sauver la mise. Marcher contre le vent aussi, car la terre de feu c’est bien le pays du vent roi. Un pays où on marche avec la candeur d’un enfant et la crainte d’un vieux guerrier, un pays ou le soir il n’est jamais dur de s’endormir tant l’on est épuisé de fatigue et de merveilles.







 Des guerriers ! C’est le bon mot ! Une phalange de soldats du monde rural disparu, de l’ancienne culture paysanne française, si puissante en son temps, et qui n’en finit plus de se contempler disparaître dans la médiocrité du monde consommatoire : le gaspillage comme mode de vie, l’antithèse de cent siècles de paysannerie économe ! Radine dirons les chagrins, peut-être, mais millénaire, ce que ne deviendra jamais le monde industriel ! Et millénaire parce que sage ce que le vingtième siècle n’a jamais été.
 Et aujourd’hui en fuite la phalange de vieux anars, en fuite devant les pesticides et les rivières épuisées de France, devant le nombre, les Brigitte Bardot, les fils de et les j’applique le règlement moi monsieur, de l’air, de l’eau au secours !! Ces derniers représentants que nous sommes,  fuyons dans les coins encore sauvages de ce monde, rencontrez encore cette dernière chose en laquelle  nous croyons encore, mère nature dans sa force vierge et féconde. Avec le secret espoir d’y trouver une réponse à cette question qui nous taraude : comment en sommes nous arrivés là ? Mais plus que tout nous fuyons la culpabilité d’un monde incapable désormais d’arrêter l’énorme vaisseau de l’humanité dans sa course vers le néant. Nous fuyons parce-que même prendre les armes ne sert plus à rien, peut-être aussi pour fuir notre propre lâcheté. Si personne jamais ne combat, comment ne pas perdre une guerre ?
 Fuir le plus loin possible avec quelques braves frères capables de survivre dans les forêts et les lacs du bout du monde, mais ne jamais passer la limite, mais aller au plus loin, au fond de l’engagement. Dangereux ? Toujours cette question idiote, dangereux de quoi ? De marcher à pied dans une nature encore puissante, au lieu de risquer la mort toutes les deux minutes sur un périph remplit de psychopathes potentiels galvanisés par leur deux litres HDI ?  Dangereux de quoi ? De perdre sa bonne femme ? Mais elles nous connaissent nos compagnes et elles préfèrent nous voir partir courir derrières nos rêves que de finir en prison parce-qu’on a pété les plombs et rentré dans le tas ! Non, vivre des rêves éveillés n’est jamais dangereux, la mort qui nous accompagne dans ces voyages est une mort sympathique qui ne nous veut pas de mal, car nous la saluons tout les jours, car nous ne tachons pas de la dissimuler derrière les peurs stupides du monde du risque zéro.
Moi, j’ai été fier de cette équipe, plus que fier, enthousiasmé, nous n’avons pas fait une randonnée sportivo mon cul, nous avons réalisé des rêves d’hommes, nous avons été des indiens. Ceux de la légende du rainbow warrior, ceux que la prophétie Sioux appelle à l’ultime combat pour sauver notre monde de la cupidité des blancs, pour un mois nous avons été exactement, ce que les chamans sioux avant d’être exécutés à coup de barre ont appelés de leur vœux, la réincarnation des hommes de leur temps….et ça nous a fait un grand bien ! Il y avait tout dans ce groupe, je ne l’avais pas vu à l’avance, mais je l’ai découvert aux grés de nos péripéties et pour un chef d’expédition c’est ça la merveille, partir dans l’inconnu et voir que les compagnons que l’on amène avec soi, sont non seulement fiables, mais encore aguerris et efficaces, qu’ils voient et savent ou aller : le bonheur ! La compétence était là, mais aussi la valeur, la conviction, la force et la joie de vivre, mais c’est toujours ainsi quand on privilégie l’amitié et la confiance, que le fric et la suspicion. Et on peut en vivre tout aussi bien.
Des membres de groupe que j’ai déjà décris, on commence à se faire une idée, Fernand, Rémy, moi, l’armée rouge et ses 100 kilos de viande. Mais Fernand a concocté un groupe homogène et Féroce, il avait aussi amené : Alain, gourrou de la pêche au fouet et au reste d’ailleurs, fou même si cartésien dans ses méthodes, docteur en rivière et interprète du monde sauvage comme l’on aimerait en voir beaucoup plus si nous voulons survivre : signe particulier trouve toujours un guet dans une rivière, de la Sibérie profonde aux espaces vierges de terre de feu. Heureusement pour nous ! Autre particularité : s’il y a une truite dans une rivière il la prend ! Notre assurance vie dans ce périple ! Sans lui l’ordinaire aurait été bien dur, mais pas un viandard ! Un vrai qui sait toujours quand il faut s’arrêter, la rivière le lui dit tout simplement et il l’écoute. Se promener au bord de l’eau avec cet homme c’est un peu comme parler mathématique avec un prix nobel de science, tout est tout à coup facile, même au fin fond d’une île pleine de rivières pas prévu au programme et qu’il faut traverser coûte que coûte.
Marché, nous avons marché, comme des dératés on a marché, encore et toujours, un truc de folie, des heures et des heures de pampas sans fin, de bosquets primaires et rébarbatifs à la présence humaine, à la poursuite du grand lac, l’immense lac de 35 kilomètres par dix, celui des rivières magiques et oubliées de ce monde. Notre quête ? Une rivière vierge de connerie humaine! De nos jours c’est introuvable ! Quinze heures pour voir la rive du lac, trente cinq contre le vent pour découvrir, s’éblouir, s’enivrer, d’une embouchure belle et nature comme le sexe d’une jeune et gironde belle femme, offerte à la croisée des mondes atlantiques et Pacifiques. Une déesse de l’eau vit là, dans un endroit frais, vif, plein de lumière et de flot fécond.  Cette rivière est tellement délurée qu’elle nous emporte tous, bien loin de nos fidélités terrestres, tant sa sexualité n’a pas d’équivalant ici bas. Cette embouchure, fragrance de vert incrusté dans la pampa de tourbe, charrie une eau caramel, véritablement grouillante de poissons énervés ! Couchée les cuisses offertes, la rivière se remplit goulument de ce lac nourricier et viril, ventru et puissant comme un océan des terres, qui la surplombe et la fait jouir de ne jamais se retenir. Un sacré coït qu’ils font ces deux là ! Tassé sur les bords supérieurs de ses rives, sa combe est boisée, à la rivière, son chant d’amour résonne sourdement comme dans un tambour, la tourbe renvoie les basses. Nous posons enfin notre camp, là à l’embouchure, là ou c’est bon si bon de pénétrer l’eau froide du lac, épuisés, heureux, anxieux, et déjà amoureux de la belle divinité ruisselante.
 




Il y avait aussi Christian. Un aiguillier, oui monsieur, un aiguiller, un mec avec un aigle sur son gant en cuir et qui a suffisamment de connivence avec la bestiole pour que cette dernière ait le gout d’aller lui tuer du gibier… un chasseur, le plus pur que j’ai vu à ce jour depuis la mort des anciens de mon pays. Bon hein parfois l’aigle, il est pas obéissant, sinon ce serait pas son aigle, il lui ramène aussi du chihuahua endimanché, arraché de la main de la bourgeoise trop curieuse, mais bon hein, faut bien que les fauves s’amusent de temps en temps…. Donc le Christian, Il a un aigle, enfin des aigles et plein de piaffs du genre, mais il a des loups aussi, en fait, il a une arche de Noé dans une forêt quelque part vers les Alpes. Ca classe le produit ! Au demeurant naturaliste émérite du monde animal terrestre. A nous deux, nous couvrons terre et océans, un échange très important pour moi, le genre à te faire des soirées de casses couilles qui échangent du fond du cours des considérations naturalistes comparés entre la vie terrestre et aquatique et à s’en émerveiller à l’infini. Christian est la preuve que la terre existe encore dans l’âme des hommes. Un guerrier d’exception capable de tirer un gibier avec une dévotion si grande et une habileté telle, qu’il en occulte l’acte de mort, ou qui du moins le replace dans le contexte duquel il n’aurait jamais du sortir, celui sacré de la grande chaîne de la nature. Une phalange de la vieille civilisation je vous dis, celle qui ne comptabilisé pas en fric, mais en vie. Pêcheur émérite, un tantinet maniaque, grand pourvoyeur de matériel de pêche et de survie efficace, Il nous a avec Alain et Pierre nourrit de ces beaux et fabuleux ombres arctiques, qui avec les quelques  truites farios et arcs en ciels ont constitués l’ordinaire de nos jours de marche. Signe particulier : peut tirer un castor à soixante dix mètres dans son lac et le tuer net avec du quatre….exceptionnel je vous dis !

Et nous pêchons ! Pêchons et pêchons pour nous nourrir, pour vivre ! Découper, sécher, cuire, fumer, va devenir un crédeau, une homélie. On va tous essayer,  les claies de branchages, les techniques slaves de l’armée rouge, la fosse dans le sol, les préhistoriques : poisson simplement embroché sur une branche encore feuillu et planté au dessus des braises d’un feu qui va bruler nuit et jour. Nous sommes là les immémoriaux, chacune de ces heures nous sommes redevenus des hommes, la rivière nous a envoutée, nous a gâté et fêté, une femme amoureuse cette rivière… une fumée de hêtres âpre et continue a envahit le camp, nos tentes, notre vie, nos fringues, nous sommes fumés jusqu’à l’os, mais pas salé, car j’ai oublié le sel…un trappeur qui oublie le sel, c’est un con, ou un mec qui boit trop la veille du départ !
Nous reviennes des réflexes ancien de bienséances de pêcheurs, chasseurs, la belle part au prédateur, la quantité pour tous, la qualité est naturelle, ici les choses viciés ne peuvent existés, on est vivant ou mort, pas les deux comme chez nous désormais, ses poissons sont roses, frais, charnus sans être gras, ils sont les enfants de la rivière qui nous reçoit en elle. Nous nous régalons sans discontinuer des heures durant, pêcher, voir, cuisiner, manger et dormir. Nous sommes redevenus des hommes !
C’est avec la rivière que j’ai apprécié Pierre, l’ami et le binôme de Fernand depuis trente ans. Ils sont tous fait ensemble et sont un redoutable duo de coureurs des bois. Pierre est un réfugié au Chili lui aussi, épicurien par la pensée et le geste, il est têtu comme un paysan de son pays, il a marché comme un démon. Aussi puissant qu’Andreus, si ce n’était la cloppe, sa force et son endurance ont fait la différence en fin de voyage ou avec Rémy, il a portée plus que sa charge pour me permettre de revenir en un seul morceau au doux bercail du voilier. Pierre est cuisinier et pas des moindres, et il a tout pardonné, les poissons crus salés au parmesan, les fumages incertains et ou incomplets, les pattes et les riz à l’eau de tourbe, et même adoubé les soupes de têtes et d’arêtes de poissons. Il a jaugé en connaisseur le ragout de castor qui nous a fait survivre un grand soir d’épuisement, et lorsqu’à quatre pattes toute la bande c’est concentré comme une arde de sangliers primitifs pour dévorer les baies rouges et sucrés des sous bois fugéens, il n’était pas le dernier à courir d’un bouquet de fruits à l’autre en grognant sa reconnaissance à mère nature. Ses truites nous ont fait un bien fou lorsqu’il est monté en puissance et qu’il nous en a sorti des énormes, alors que nous pensions les rivières de la fin du voyage moins prolifiques que la merveille qui nous a tous envouté prêt du grand lac.
Chacun des méandres de la rivière magique nous a fait revenir à nos rêves de jeunes hommes, et nous a amené jusqu’à  l’immense baie ou se jette le dard d’eau douce de ses flots bruns. La rivière est un fleuve fille qui féconde la baie du Cap horn, rien de moins. Dans son embouchure, on veut  faire de la truite de mer, du robalo. Je voulais une halte dans cette embouchure, pour la jauger, s’y reposer avant une immense marche sur la grève. Marcher encore et toujours. L’homme était passé dans ces lieux nouveaux, et nous avons vu au bord des océans, en vue des Wollaston et son cap terrible, les vestiges d’une vieille estancia, un dérisoire enclos, cimetière des ultimes indiens de ce pays, les Yamanas, des troncs calcinés par milliers…l’homme toujours lui, les taureaux énormes et débonnaires qu’il a introduits et qui vivent encore, et des chevaux tout aussi sauvages et débridés qu’ils furent esclaves et dociles. Comme quoi rien n’est jamais perdu vraiment.

En marchant sur l’immense grève qui nous emmène vers l’ouest, vers un autre grand lac dont le réseau hydrique n’existe pas sur les cartes et que nous voulons explorer, une question me taraude. Combien d’humains des rivières pareilles pourraient-elles nourrir si nous étions capables de les respecter ? Imaginer, la Seine, la Loire, La Garonne, Le Rhône, le Rhin, revenue à la force et à la fécondité que nous venons de rencontrer avec la rivière magique, mais c’est des millions et des millions d’humains qui pourraient alors vivre décemment de leur pêche et de leur amour pour une féminité aussi aboutit. Surement des millions ! Qu’elle n’a pas été notre folie de mettre à mal autant de force, et de réduire à rien un tel bouillonnement de vie !
Pour produire encore et encore, plus toujours, produire misère, guerre de possession et frustration permanente, tout ça détruit pour quel résultat tangible ? L’embourgeoisement ? Le confort ? Le bonheur d’être propriétaire ? Tout ça contre des rivières mortes, des forêts pates à papier, des bocages remembrés ? Elle est où la logique ?

Marcher, marcher, sur cette plage de sable, puis de galet, escalader falaises et cap, d’une grève à l’autre, tient un conchal ! Fernand nous explique ces tumulus d’indiens, campement permanent et immobile d’un peuple de nomades, tumulus de cendres et de coquillages témoins de nos ancêtres dont nous tachons de retrouver la vie ces jours ci.
Et nous marchons et marchons, cette fois nous montons, la plage et ses marées, son vent salin et puissant, ses risques de tempêtes s’estompent derrière nous. Nous revenons vers la forêt et ce nouveau grand lac. De nouvelles pêches et la chasse au castor, que la vie de trappeurs est donc belle ! Intense ! Redoutable d’exigence physique sur un temps limité, mais nos ancêtres eux, disposaient du bien ultime qui justifiait tout leur dénuement, ils disposaient du temps ! Le temps de rester prêt d’une rivière magique et charnelle des mois s’ils le voulaient, de courir un gibier des semaines s’ils en avaient l’envie ou la nécessité. Rien ne leur appartenait mais ils avaient tout, tout ce après quoi l’humanité va désormais courir, l’espace vital détruit par notre bêtise depuis cent cinquante ans !

Que ce pays est donc beau ! Notre deuxième lac est plus petit, mais lové dans un écrin de montagnes et de pics enneigés, ses rives sont boisées, inaccessible à l’est, faciles à l’ouest, la rivière, fleuve fille aussi, qui n’existait pas sur les cartes est là, à nos pieds, rebelle et langoureuse, mais elle a déjà connu l’homme et sa méfiance est éveillée. Elle va nous nourrir largement, mais sa générosité est déjà sur le chemin du retour.
Marchons, marchons, marchons, la beauté et l’étrangeté de ce monde austral n’enlèvera pas un pas, pas un mètres à l’immense marche de retour. Seules les blessures et la peine viendront rallonger ce long et beau chemin. Avons-nous dans ces trois jours flirtés avec les limites ? Oui c’est sur, je vais rentrer sérieusement écloper de ce voyage, Christian est fatigué et son courage est surréaliste de bravoure, Fernand le géant tasse, mais son binôme avec Pierre vient d’atteindre son apogée, leur verve touche au sublime et c’est eux et Rémy qui vont nous ramener au village ou le bateau nous attend. Même l’armée rouge est épuisée par tant de vigilance, de marches sans fin. Rémy est le héros de la fin de voyage, au fur et à mesure que je me suis épuisé sous un sac trop lourd, il a reprit à son compte ce qui dépassait du mien. Il me permet ainsi de finir la tête à peu prés haute. C’est ça la magnificence de ce genre d’aventure, pas un seul finalement ne serait revenue seul sans les autres. Si plus de cinq pour cent des gens de ce monde pouvaient comprendre ça, nous aurions une chance. Arriver à ce pourcentage va être une tache herculéenne…. c’est finalement cette haute pensée qui sortira de la nuit de beuverie qui a suivit notre retour à bon port dans le havre de Patty, l’ex patronne du Micalvi ou nous allons finir la nuit.
Nous sommes en escale et nous perdons Rémy qui doit courir le pays pour ses affaires, mais le voyage n’est pas mort, Liledelle va nous faire les honneurs des glaciers, puis de Yendegaya ou nous allons nous rééduquer au monde des hommes. La vallée des chevaux et des taureaux sauvages, José les chasse, José les dresse, José et ses amis les mangent. José un de ceux avec qui voir est plus facile, notre semaine chez lui aurait pu durer cent jours, huit années, les humains en présence étaient du même monde, ce fut festif, ce fut gentil, José, sa femme flamande Anémie, vivent un autre rêve éveillé que le nôtre, celui de la rencontre improbable au fin fond de la terre de feu, d’une esthéticienne belge et d’un Mapuche gaucho de la plus pure tradition des dures terre du sud.
C’est sur un tarmac d’aéroport que nous nous quittons, Il n’y a plus rien à dire que de se donner cet abrazo si important au pays d’Amérique du sud.
Et de se crier le poing levé : hasta la victoria siempre, hasta la muerte ! Siempre! Hermanos!