lundi 13 mai 2013

La malédiction de l'hélicoptère ou le syndrome de l'indien!!



      


      La malédiction de l’hélicoptère,

Le monde bouge, le monde change, l’ultime hallali, la dernière chasse au trésor des hommes a lieu sous l’impulsion irrésistible de l’argent dieu. Les hommes accomplissent les préceptes de leur ultime divinité de la même manière imbécile qu’ils avaient appliqués celles des dieux anciens, barbaries, inconstances et avidité quasi rituelle : tristes chroniques de la destruction de la nature sauvage par l’impérialiste expansion humaine….
Nous étions prés de la rivière magique. Notre camp était monté et dégageait ce délicieux charme des camps de nomades en transit. Dans un coin il y avait les tentes, adossées aux arbres  protecteurs du vorace vent d’ouest des grandes latitudes. Un peu plus loin, le feu, les feux, brulaient, foisonnants comme la vie d’un bois sec inépuisable. Du foyer principal plusieurs  plus petits avaient égrené. Ils avaient migré de quelques mètres, vers les divers ateliers de séchage et de fumage de la chair des poissons  et surplombés la berge même de la rivière. En les alimentant, je pouvais entendre l’eau fraîche chanter son érotique chanson aux oreilles de mes pêcheurs. J’étais heureux d’être là et fier de mon groupe. Autour de nous, tout était harmonie et paix, jusqu’à la puissance de nos feux domestiques  avait fini par trouver une place dans la symphonie de la rivière.
 Le soir, en allant pisser et nous laver les crocs, nous prions les quatre coins cardinaux : L’ouest pour le vent, L’est pour la terre, Le sud pour la glace et le nord pour le feu. Nous nous savions en équilibre instable, défavorable même, car nous n’étions plus jeunes, et que la vieillesse est le pire ennemi de l’homme, celui contre qui on ne gagne pas. La rivière devant nous changeait la donne, elle venait de nous enlever vingt ans, nous étions en pleine cure de jouvence. J’étais aux anges, nous revenions à l’état original, celui depuis lequel on peut mieux comprendre comment nous avons pu devenir aussi cons. Qu’elles furent les souffrances, les hérésies et les délires qui  menèrent les hommes sur une voie aussi folle ? Celle de la destruction terminale de son biotope ! Pourquoi ce désir si irrépressible de puissance ? De contrôle et de possession ? De connerie gratuite ? Quelles intolérables frustrations de race avaient bien pu frapper les cueilleurs chasseurs que nous fûmes, quels ennemis, quelles maladies avaient donc bien pu nous rendre aussi paranoïaques ? Vivre ainsi m’aidait à comprendre le lien fou de notre évolution irrationnelle.
Et la réponse je la tenais en partie, en trois jours nous étions redevenus ce que nous avons toujours été : un animal qui pêche, chasse, mais un animal faible, sans aucun doute, un animal qui s’il n’anticipe pas tout, crêve ! Et vite, le moindre rat des steppes en ce sens est plus solide que nous.C’est vrai aussi que quand on a beaucoup de poissons à fumer, on a du mal à ne pas imaginer un fumoir quand on est un homme. Et ça, il faut quand même le mettre à notre dêcharge, c’est quand même l’évolution des mammifères qui nous a fait physiquement délabré et intelligent. Par contre le vice et la saloperie généralisé on a tout inventé nous-mêmes comme des grands !!
Une autre chose nous rapproche aussi des animaux, la régulation. Elle est l’affaire de dame nature, pas de nous mêmes. La, est le paradoxe humain, malgré nos armes, nos technologies incroyables, notre infernale imagination nous pensons comme un cerf, un castor, un rat, ni plus ni moins. La régulation n’entre jamais dans nos schémas de pensé, et nous n’avons aucunes notions de notre réel impact. Il n’y a nulle part à aller chercher l’explication de l’effondrement du monde, l’homme ne pourra jamais se réguler autrement que par la guerre.



Notre voyage est un voyage dans le passé de notre espèce,  et les signes de l’ancien monde, vont nous accompagner tous du long, les  signes visible à l’œil du chasseur nous sont à nouveau dévoilés, par Christian le chasseur, ceux du vent et du ciel par moi le marin, de la rivière par Alain, Fernand, et Pierre, de la marche et de la vaillance par Andreus et Rémy. Nous étions redevenus vite une tribu au point que trois jours après le départ, les rôles de la survie en groupe étaient distribués, moi j’étais cuistot et chaman et ça m’allait.
J’en étais là de ma philosophie de comptoir, lorsqu’Alain de retour de la rivière deux truites à la main vient m’annoncer :
-Gilles j’ai entendu un hélicoptère et je l’ai vu passer à la ligne de crête des dientes !
-Hein ? Je n’avais depuis plus dix ans que j’habitais ces contrées rencontrait encore un hélicoptère aussi au sud, alors en entendre un…j’avais du mal à le croire et je grognais quelques grognements septiques.
Pourtant oui, hélico il y avait, un hélico volait sur cette immensité de terre sauvage, un hélico, donc des hommes, donc potentiellement des emmerdes, tous ce que nous étions promis de fuir….Et merde !!
Et l’hélico il était pour nous !! Avec quatre connards à bord, des gros gringos plein de soupe et physiquement délabrés accompagnés par un guide chilien ventru et pathétique dans sa parca rouge et son téléphone satellitaire agrafé au revers de son col. L’engin est apparu comme un ovni derrière les arbres si tranquille de notre campement, il nous a tourné autour, et tout de suite nous avons compris que c’est après nous qu’il en avait.

Et il c’est posé tout prêt, trop prêt de nous, lui aussi il veut l’embouchure de la rivière, me suis je dit en voyant débarquer des gugus bardés de matériel de pêche. Mais eux la rivière ils étaient là pour la violer, avec leur bruit, leur physique déplorable, leur argent et leur hélico d’arrivés qui croient pouvoir tout compenser par leur pouvoir d’hommes riches et suffisants. Car ils le sont, le guide est venue nous interroger directement, mais ses clients nous toisent de loin et on lit clairement dans leurs regards leur déception de n’être pas les premiers à déflorer la jeune rivière, ou du moins d’y être seul comme le leur avait promis le dépliant !
Sombres connards ! Le guide lui fait dans la lèche et s’émerveille de notre courage d’abord tant marché pour venir ici, mais on sent sa gène, lui qui a vendu à ses gringos un endroit vierge, sans pêche. Tout ça pour y découvrir un bande de mohicans arriérée en train de dépecer des poissons par dizaines.
Ils n’ont pas de chance faut dire, ils arrivent là ou nous avons décidé de mettre le paquet sur la nourriture et de gaver les guerriers pour le reste du voyage qui s’annonce rude et long. La journée est surréaliste, les gringos pathétiques piétinent et ne pêchent rien, mais alors rien, dans ce fleuve si fécond ou les poissons réagissent à toutes les sollicitations qu’un pêcheur est capable d’imaginer avec un fouet et des mouches.
Je croise à plusieurs reprises le regard de mon complice Fernand, je sens que comme moi il a la haine. On l’avait notre paradis immaculé, notre rivière sauvage et primitive dans sa beauté et son âme, et là voila que quelques enculés mondains, riches et en hélico, venaient nous voler la beauté sous le nez et en plus en nous le reprochant sombrement. Comme si ces ordures de payer 5000 dollars pour venir là ça leur donnez de la légitimité, du droit, ou de la compétence ! Parce qu’en plus ils pêchent avec leur pieds les vieux débris, on est pas tout jeune nous non plus, mais on est venue à pied, dans le respect et l’amour du sauvage, et la rivière elle nous le rend au centuple, elle a chanté pour nous et chacun de nos hameçons est avalé avant presque de toucher l’eau. Les autres connards ils voient rien, ils entendent rien, ils regardent des concurrents, leur frustration est palpable, la rivière ne leur parle pas, ne leur donne rien, elle n’aime pas le viol.
Je recroise le regard de Fernand, il a la haine et moi aussi, mais les gringos l’ont plus encore, la fumée de nos feux les obsèdent, ils vont revenir plusieurs fois s’humilier prés de nos fumoirs et le sentiment va encore monter, entre les primitifs qui puent, qui fument de la viande, qui vident et dévorent, dont les traits sont tirés par la fatigue et les crises de rire de vivre si libres et si loin, et ceux qui dans trois heures seront au bar d’un lodge de riches, à déblatérer sur les va nu pieds qui viennent voler le poisson des nantis ! La haine ! En plus ces gros cons ils se croient écolos en faisant du no kill !! No kill mon cul, pour eux un hélico tourne en boucle sur un pays sauvage encore, on leur a construit un hôtel au village, et leur bouffe vient en avion, écolo non cul, menteurs, voleurs !
Et cette haine va ressurgir dans notre voyage, ce jour là, on aura le sketch du guide qui flippe parce que son hélicoptère est en retard et que ces vieux vont crever s’ils passent un nuit dehors sous ces latitudes. La j’ai eus un espoir, la nature allez elle nous faire passer un moment exceptionnel, voir se faner un des âges d’or de la connerie humaine. Imaginer le pied : voir crever une bordée de ceux qui croit toujours pouvoir faire avec beaucoup d’argent, ce que votre corps ne vous permets plus de faire alors que vous ne l’avez pas fait lorsque c’était possible. Il est ou le sens de rêver à un truc qu’on peut faire quand on est jeune et fort, et qu’on ne ferra que quand on sera riche et vieux !!!? Par convention sociale ? Non mais qu’elle connerie ! C’est pitoyable cette manière de penser de l’arrogante Babylon ! Voir crever des mecs de cette infernale maladie machiste qu’es l’impossibilité de vivre une frustration et d’en pêter plus haut que son cul me fascinerait, mais ce ne sera pas encore sur ce coup là. Leur hélico arrive, ils se barrent ouf !!
Et comme toujours dans la nature sauvage, le calme et la paix reviennent, toujours, si pathétique fut la séquence humaine. Les tours et détours du cours de la rivière vont nous mener jusqu’à son embouchure, car cette fille fleuve nourrit la baie du Cap-Horn. Et c’est là que les connards vont revenir, l’hélico encore, mais cette fois spécialement affrété pour nous faire chier ! De ce que nous raconte le garde pêche qui nous tombe dessus dans le large méandre ou nous avons établis notre camp, et ou nous vivons heureux sous l’œil pas très malicieux de quelques taureaux sauvages, le milliardaire qui est derrière tous ce bisness de riche vit mal le passage d’une bandes d’indiens dépenaillés sur ce qu’il considère désormais comme sa rivière!
Il le vit mal et le fait savoir, l’homme ayant ordre à la moindre infraction de notre part, de nous retirer notre matériel de pêche et de nous coller la prune de la décennie. Heureusement le dieu des pêcheurs est avec nous, Il nous a envoyé un humain qui n’aime pas être manipulé par les riches de son pays qui se croient tous permis. Il se souvient d’un temps ou au Chili il y avait des syndicats et un désir de même lois pour tous. Je le comprends dans la conversation, Rémy qui parlemente beaucoup à mes cotés aussi, encore et heureusement car nous ne sommes pas en règle. Je suis passé à son bureau au village mais il n’était pas là et nous devions partir. Pierre a bien lui aussi essayé d’acheter des permis, mais dans le bureau ou il a été, il y avait quelqu’un mais pas le formulaire adéquat. Magnifique avantage de ces merveilleux pays ultra libéraux, ou la loi est très dure, mais ou l’administration pour la faire appliquer à été condamné sur l’hôtel du libéralisme et de l’efficacité économique. Situation on ne peut plus favorable aux millionnaires toujours prêt d’user de leurs avocats qu’ils payent à l’année pour éliminer des petits qui n’arrivent pas à se mettre en règle. Avocats qui eux fabriquent les bons formulaires, mais qui souvent  se croient au dessus des lois.
C’est ce qui est arrivée cette fois ci, l’âme de la rivière continue à nous protéger sur ses berges, non seulement nous n’aurons pas d’amende, car le gentil garde a amené des permis avec lui et nous les vend sur place (grâce à l’argent du seul qui eut la jugeote d’en amener : Alain). Il nous apprend aussi qu’il vient de se rendre compte que le milliardaire qui a amené quelques dizaines de clients depuis quelques mois, n’a jamais prit la peine d’acheter un seul permis chez lui….mais il a cru bon de faire contrôler d’éventuel concurrents sur la zone… Très bien, très, très bien !


Moi je le dis aux amoureux du libéralisme en Europe, dix ans en Amérique du sud n’ont convaincus de l’incapacité des hommes à faire aboutir un système politique. L’ultra libéralisme a tué la liberté chère au cœur des hommes, aussi surement que le communisme a tué le socialisme en Russie. Les mêmes, exactement les mêmes, alors frère d’Europe, toi qui après tant de guerres  avait enfin fait quelques pas hors des ténèbres vers l’égalité et la fraternité, ne trébuche pas sur ce chemin. Et si pour ça une fois encore tu dois sortir les armes, ben montre les avant de t’en servir… Qu’elle lassitude d’encore prêcher la guerre !
La nature va nous protéger de ses extraordinaires aventures, elle va protéger notre vie et nos cœurs jusqu’au retour, et c’est là après les merveilles de forêt et de rives de lacs inchangés que le danger va revenir, sournois, vicieux, insinuateur, abject, humain quoi, bassement, vulgairement, lamentablement humain. De cette race qui jamais n’ait sélectionné et ou les cons ont depuis longtemps supéré les meilleurs et en nombre et en force ! Au village lorsque nous rentrons toute la populace ne parle que de nous, et de suite je vois revenir le vieux dilemme chilien, ces étrangers sont ils de sales communistes ou un exemple à suivre ? Nous n’avons rien fait, ou presque,  mais nous sommes passibles d’une rébellion ouverte contre un puissant : exactement comme nos ancêtres indiens dont nous sommes ce mois ci la réincarnation, de la volonté de Fernand, de la désinvolture qui est la mienne, du courage de tous !
Le fils de pute patron du lodge, d’une compagnie d’avion et de navigation, intime de l’ancien dictateur Pinochet au demeurant, est monté aux rideaux lorsqu’il a appris que les gitanas avaient échappé à son offensive de garde pêche ! Pour se venger le bâtard s’en est prit au garde pêche démocrate. Il tache de le faire sauter en faisant pression sur ses supérieurs pour qu’on nous allume à notre retour !!
L’enfant de pute ! Si je n’avais à ce moment là été avec des gens que je doive absolument ramener à bon port, il n’y aurait pas eut que les castors et les truites de ce pays qui se fussent sentis chassées ! La vieille haine pyrénéenne contre l’envahisseur est venue à nouveau me chatouiller la gâchette. Il nous a fallut toute la gentillesse de mes copains chiliens, que nous avons croisé dans le village durant  ces quelques jours de tension, pour nous permettre de nous contrôler et de nous rappeler qu’il n’est jamais bon de se comporter comme un donneur de leçon lorsque l’on est pas chez soi. Car sur ce coup là mes potes de voyage ne valent pas bien mieux que moi : j’ai entendu beaucoup de proposition : - Et si on le choppait et qu’on le pèle ? propose un gars des hauts plateaux des Cévennes ….- Ce genre de connard ça ne doit pas courir bien plus vite qu’une balle non ? Réflexion assez classique dans la culture plus lyonnaise des piémontais des Alpes…. Mais ici on est pas chez nous et ce n’est pas pour rien que nous nous faisons surnommer les gringos… le fumier en face n’est pas non plus indien comme les gens d’ici, militaires compris, non ! Comme nous c’est un blanc, plus que nous c’est un blanc! Un européen nationalisés comme presque tous encore de cette caste de merde, les coloniaux !!  Les mêmes que les békés des Antilles, les caldoches en nouvelle Calédonie, en passant par les demis polynésiens, les parfaits hindous et les aristocrates anglo saxons, et qui partout sur la planète sont juste devenus impérialistes quand l’esclavage officiel a été aboli. Tous ceux qui ont échappés à la guillotine et qui ont colportés partout leur vision pathologique du monde. Des gens qui pour une bonne partie s’ils rentraient en Europe et s’y comporter ainsi iraient directement en prison. Et c’est eux qui vont gagner la bataille de la mondialisation! C’est eux qu’il va falloir éliminer promptement ! Impérativement ! Maintenant !
Finalement à part une altercation au magasin central ou nous sommes tombés sur le guide lamentable de l’hélicoptère, il ne c’est rien passé ! Un gros du bide le guide, mais aussi un facho et un collabo : une caricature ! On a pas été boire l’apéro dans leur Lodge de riches enculés pour foutre la merde, on a plus vingt ans malheureusement, il y a dix ans encore, je me serais battu à coup sur, ou presque pour une histoire du genre. Aujourd’hui Le couteau est tiré, mais il ne servira pas, et peut-être tant mieux ! On est fatigué, on est heureux, on veut en profiter, c’est eux les vaincus quoi qu’il arrive. C’est la rivière qui nous a fait vainqueur, c’est les lacs, c’est les rivières, c’est le fait qu’on en a eut des poissons nous, et des couilles pour aller les chercher et ça c’est bon ! et on peut se regarder fier dans la glace. On c’est éclaté, on c’est fait des potes, on a vu qu’on été encore vivants et capable de réaliser nos rêves, et ça pour un homme c’est absolument indispensable !! Alors gacher ça en allant foutre sur la geule à des mianbles qui sont obligés de se payer un hélico et un demi nazi pour aller à la pêche, tans pis, je me les ferrais plus tard, à la tchéchène comme me dit l’ami Audreus.
Le garde pêche a pu sauver sa peau en écrivant tout azimuts et en se justifiant légalement de ses décisions. Elles ne furent pas contestées et je tache de me tenir au courant de ce qu’il c’est passé ensuite. Car le sang n’a pas coulé, mais l’affaire n’est pas clause, un prédateur attend toujours très patiemment son heure.
Mais dans le port d’Hushuaia il y a un immense édifice ou sont gravés ces mots au sujet des Iles Malouines : Volveremos !! Nous reviendrons !!






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire